À l’honneur : Lise Gauvin

Professeur émérite au Département des littératures de langue française, Lise Gauvin a reçu la Grande médaille de la Francophonie (médaille de vermeil) qui couronne le rayonnement international d’une oeuvre « qui aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française ».


Lise Gauvin est notamment l’autrice de recueils de nouvelles et d’essais littéraires, dont La fabrique de la langue. De François Rabelais à Réjean Ducharme, publié aux Éditions du Seuil.

Elle a été responsable de la chronique des « Lettres francophones » dans le journal Le Devoir durant une vingtaine d’années et a collaboré régulièrement aux émissions culturelles de Radio-Canada à titre d’animatrice et de critique. Ses chroniques du journal Le Devoir ont été réunies dans D’un Monde l’autre. Tracées des littératures francophones chez Mémoire d’encrier en 2013.

En 1984, elle est élue présidente de l’Association des éditeurs de périodiques québécois (AEPCQ) et en 2008 présidente de l’Académie des lettres du Québec, dont elle est membre depuis 2000. Sous l’égide de cette institution, elle coorganise chaque année une séance de l’Association Femmes-Monde, à Paris, consacrée aux écrivaines québécoises. Elle est l’une des membres fondatrices du Parlement des écrivaines francophones, créé à Orléans en 2018.

Lise Gauvin s’est intéressée aux modes d’inscription de la littérature dans l’espace social, plus précisément aux rapports entre la langue et la littérature au Québec et dans les diverses littératures de langue française. Elle a dirigé plusieurs numéros de revues et écrit plusieurs articles sur ce sujet, notamment dans Langue française, Yale French Studies, la Revue de l’Institut de sociologie de l’ULB, Études françaises, Littérature, La Quinzaine littéraire etc. On lui doit notamment le concept de « surconscience linguistique » de l’écrivain francophone.

La fabrique de la langue. De François Rabelais à Réjean Ducharme constitue une ambitieuse synthèse sur les usages et les représentations de la langue à travers cinq siècles de littérature. « Cet essai, note le Nouvel Observateur, s’intéressant aux échanges entre code linguistique et écritures transgressives, nous propose une formidable incursion dans l’imaginaire de la langue, de la truculence de Rabelais aux néologismes de Ducharme en passant par l’argot célinien et le créole de Patrick Chamoiseau. » Selon Pauline Bernon, « cette entreprise prend place à côté de l’histoire de la langue française faite par Ferdinand Brunot et Gérald Antoine. Elle ne recoupe pas non plus l’étude du fonctionnement de la langue littéraire par Charles Bally ou Leo Spitzer. En effet, le livre de Lise Gauvin traite du moment où surgit ce qui renouvelle la langue, dans le contact entre langage et création littéraire, plutôt que de ce qui la légitime, par exemple à l’école ou dans le dictionnaire, objets de l’Institution du français de Renée Balibar.