Situation des Lettres turques en 2021

Table-ronde proposée par le PEN Club français en visioconférence le 29 mars 2021, de 18 à 20h

1 – La table-ronde prévoit de fédérer les débats autour de Nedim Gürsel, Timour Muhidine, Cécile Oumhani, Jean Jauniaux pour le PEN Club de Belgique, et, pour le PEN Club français, Antoine Anderson, Sylvestre Clancier, Antoine Spire qui, en tant que président du PEN français coordonne les débats avec Jean-Philippe Domecq, responsable du comité français pour les écrivains opprimés.

2 – Cette rencontre est plus particulièrement dédiée à Ahmet Altan, toujours incarcéré à ce jour.

Les deux frères Altan ont arrêtés en septembre 2016 pour terrorisme et participation prétendue au putsch du 15 juillet 2016. En Turquie, Pas moins de 55 000 arrestations depuis cette date, 160 000 fonctionnaires ont été licenciés, 160 médias interdits. On leur a reproché d’avoir fait passer un “message subliminal” en faveur de coup d’Etat lors d’un débat télévisé. Le juge dit à Ahmet Altan : “si seulement vous aviez continué à écrire des romans au lieu de vous occuper de politique”. La cour constitutionnelle a cassé le jugement le 27 juin mais a été laissé en prison avant d’être condamné à 10 ans et demi de prison. L’arbitraire s’exerce encore une fois on ne peut plus clairement : libéré le 4 novembre 2019, il y retourne le 12.

3 – Contexte : Qu’en est-il du putsch de juillet 2016 :

– les accusations de marxisme et de putschisme religieux (traque aux Gülenistes supposés)

– la question du multiculturalisme, les minoritaires (dont les Kurdes…), les Arméniens, les Chrétiens, les Alevis…

– le refus intellectuel et politique du nationalisme

– le regain d’arrestations au prétexte de la pandémie du Covid 19

– islamisation et arbitraire autoritaire

– l’ampleur du problème socio-économique

– les dangers d’une politique étrangère invasive et intrusive

4 – A propos d’Ahmet Altan : 40 livres et une attitude critique depuis toujours vis à vis de l’islam politique. Laïc, il avait pourtant soutenu Erdogan en 2003 dans sa lutte contre les militaires et dans son rapprochement de l’Europe. Il revendique l’héritage de son père, qui fut fortement engagé politiquement : “Moi aussi je suis le propriétaire de ce pays ».

Son livre écrit en prison, Je ne reverrai plus le monde, souvenir du Voyage autour de ma chambre” de Xavier de Maistre : ses codétenus, le quotidien de l’enfermement (“Je ne pourrai plus embrasser la femme que j’aime “, le livre de Tolstoï :”Je savais tenir la vie entière dans le creux de ma main », les magistrats semblables aux petits fonctionnaires de Gogol, fabriquer une horloge en marchant de long en large… Phrase ultime : “Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m’enfermerez jamais. Car comme tous les écrivains, j’ai un pouvoir magique :je passe sans encombre les murailles ».

Cette phrase pourra servi de générique pour :

5 – l’action solidaire du PEN Club en faveur des Lettres, écrivains journalistes, enseignants et tous citoyens turcs privés de liberté d’opinion.

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