La rencontre a été retransmise en direct sur notre page Facebook : https://www.facebook.com/100056607057124/videos/225049392725294/
Rencontre organisée par le comité de soutien aux écrivains en danger, PEN Club français,
Le PEN Club français propose une table ronde, ouverte à débats et questions, en 2 parties consécutives sur les situations respectives des écrivains et journalistes en Algérie puis au Maroc. La chronologie de cette soirée a été décidée par celles et ceux qui ont accepté, dans ces contextes politiquement difficiles, d’expliciter ce qu’il en actuellement est de l’exercice des droits humains à l’expression, à la recherche et à l’information.
Le comité de soutien pour les auteurs en danger, ainsi que le Président du PEN Club français, Antoine Spire, introduiront les intervenants et fédéreront les interventions et débats.
1 ère partie, de 18 à 19h : situation algérienne –
Un rappel du contexte politique du moment. Introduction et débats animés par Francis Combes, secondé par Antoine Spire et Jean-Philippe Domecq.
Un dialogue entre Benjamin Stora et Antoine Spire sur la nouvelle donne historienne entre l’Algérie et la France après les propositions du Rapport Stora remis au président de la République française. Benjamin Stora pourra répondre à toutes questions sur son rapport, de 18 à 18h30.
Intervention et témoignage de Sarah Haidar qui, en tant qu’écrivaine tôt engagée dans le hirak, témoignera du rôle des femmes dans le mouvement. Présentée par Francis Combes.
2ème partie, de 19 à 20h : situation marocaine –
Le Comité de soutien à Maâti Monjib nous apportera ses informations les plus récentes sur une situation qui s’est tendue mais qui semble pouvoir bouger grâce à la dynamique des comités de soutien, qui appellent à la mobilisation extérieure au Maroc. Cheville ouvrière du comité de soutien, Sandrine Lacombe a pu coordonner ce programme, d’une heure entière sur la base d’informations sur la situation des auteurs, blogueurs et journalistes au Maroc. Voici les notices de présentation des auteurs marocains :
Hajar RAISSOUNI est une journaliste indépendante et travaillait pour Akhbar al Yaoum, le dernier journal indépendant du Maroc qui a été contraint de fermer tout récemment (journal dont son oncle Soulaiman Raissouni, actuellement détenu lui aussi pour affaire de mœurs, était rédacteur en chef). Le 31 août 2019, elle est arrêtée et condamnée pour des motifs relatifs aux mœurs construits de toutes pièces dans le cadre de la stratégie du pouvoir marocain de faire taire les voix dérangeantes. Après une intense mobilisation en sa faveur tant au Maroc qu’à l’étranger, elle est finalement graciée par le roi, mais non blanchie. Elle a été contrainte à l’exil.
Hicham MANSOURI, journaliste marocain réfugié politique en France. Cofondateur de l’association marocaine pour le journalisme d’investigation (AMJI) en 2011, il a dirigé ses programmes de formation entre 2012 et 2015.
Il a aussi enquêté sur des sujets dérangeants pour le pouvoir marocain.
Agressé physiquement en septembre 2014, puis incarcéré 10 mois (mars 2015 – janvier 2016) pour une affaire de mœurs montée de toutes pièces (“adultère et tenue d’un local de prostitution”), il est de nouveau poursuivi depuis août 2015 pour “atteinte à la sûreté interne de l’État” avec 5 autres journalistes et activistes dont notamment l’historien Maâti Monjib. Les audiences du procès ont été reportées plus de 20 fois, une condamnation à un an de prison ferme et à une amende a été prononcée le 27 janvier 2021… Réfugié en France, il est journaliste à Orient XXI et doctorant en journalisme au Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (CARISM) de l’université Paris II Panthéon Assas.
Maâti MONJIB est historien, enseignant, chercheur, auteur, journaliste franco-marocain mais également militant des droits humains et de la liberté d’expression.
Il a collaboré au Journal hebdomadaire – un des premiers journaux indépendants et critiques qu’a connus le Maroc, interdit depuis – , à la revue mensuelle d’histoire Zamane, a publié de nombreux articles scientifiques, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La monarchie marocaine et la lutte contre le pouvoir, Ben Barka, une vie, une mort (en collaboration avec Zakya Daoud).
Il est membre fondateur de l’AMJI (Association marocaine pour le journalisme d’investigation) créée en 2009, président et fondateur du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, président de l’association Freedom now qui défend la liberté de la presse (non reconnue par les autorités marocaines).
Depuis 2014, il est victime de campagnes de harcèlement et diffamation ; il est poursuivi depuis 2015 pour atteinte à la sûreté de l’État. Depuis octobre 2020, il est accusé de blanchiment d’argent (nouvelle accusation montée de toutes pièces) et a été arrêté (le 29 décembre 2020) dans ce cadre, alors qu’il a toujours honoré de sa présence toutes les convocations judiciaires et policières. Libéré le 23 mars, après une forte mobilisation internationale, il est interdit de quitter le territoire marocain alors qu’il est attendu pour une période d’un mois, en mai prochain, à l’université de Tours pour l’animation de séminaires et pour participer à des travaux de recherche.
Né en 1942 à Fès, Abdellatif LAÂBI est un poète, écrivain, traducteur marocain qui a reçu de très nombreux prix dont : prix Goncourt de la poésie en 2009, Grand prix de la francophonie de l’Académie française en 2011 ; prix Mahmoud-Darwich en 2020. Il dit souvent que sa langue maternelle est la poésie.
En 1966, il crée la revue Souffles qui a joué un grand rôle dans le renouvellement culturel et a subverti le champ littéraire qu Maghreb. Cela n’est pas pour plaire au souverain : Abdellatif est arrêté en 1972 et condamné, un an plus tard, à 10 ans de prison ferme. Il est libéré en 1980, en partie grâce à une forte mobilisation internationale. Depuis 1985, il vit principalement en France.
En 2015, il crée la Fondation Abdellatif Laâbi, indépendante et basée au Maroc. S’inspirant des valeurs humanistes qui ont marqué la pensée, l’œuvre et l’action d’Abdellatif Laâbi, elle a pour objet de défendre la liberté de pensée et de création, le droit à l’éducation et à la culture pour tous ainsi que le débat d’idées.
Son dernier recueil de poèmes, Presque rien, Le castor astral, janvier 2021, « est un exercice d’introspection poétique, la synthèse d’une expérience personnelle qui s’acharne à défendre la dignité humaine et à opposer au chaos du monde l’éblouissement furtif du poème. »( Khalid Lyamlahy, En attendant Nadeau).
Liens vers des articles très explicites :
Au Maroc, le climat répressif se durcit contre la presse (lemonde.fr)
https://orientxxi.info/magazine/maroc-ils-n-ont-qu-a-m-arreter-si-je-suis-coupable,2700
3ème partie : débats, questions, et conclusion sur les initiatives à prolonger, autour des comités de coordination et via les PEN Clubs, pour accentuer les pressions utiles.
Au nom du Comité de soutien des auteurs en danger du PEN Club français,
Francis Combes, Jean-Philippe Domecq, Antoine Spire, Thierry Mesny, Sylvestre Clancier, Colette Klein, Jean Le Boël