Droit moral ou libre circulation d’une œuvre ?

Sally Rooney, originaire de Castlebar, dans le nord-ouest de l’Irlande, romancière à succès, est considérée comme une jeune prodige dans le monde anglo-saxon. Ses intrigues abordent la notion de consentement, les différences sociales et les relations amoureuses. Ses deux précédents livres, Conversations with Friends et Normal People – vendu à plus d’un million d’exemplaires –  ont été traduits en hébreu par Katyah Benovits, puis publiés en Israël par l’éditeur Modan. 

En annonçant récemment qu’elle renonçait à laisser publier son nouveau livre “Beautiful world, where are you”  en langue hébraïque, elle a voulu signifier qu’elle agissait ainsi par solidarité avec un mouvement  boycottant la politique  du gouvernement d’Israël envers les palestiniens.

Le Pen club français est bien sûr très attaché au droit moral de l’écrivain sur son œuvre ainsi qu’à la liberté d’expression, mais déplore que Sally Rooney s’oppose ainsi à la libre circulation d’une œuvre littéraire. Le boycott d’une politique ne peut pas s’identifier à l’interdiction d’échanges intellectuels libres quel que soit le point de vue  des citoyens visés par ce boycott. En privant tous les locuteurs de l’hébreu de l’accès à son œuvre quelle que soit leur position politique, Sally Rooney s’engage sur la même impasse discriminante que celle qu’elle entend dénoncer et porte atteinte à l’universalité des œuvres de l’esprit.

Ce que le PEN Club français dont la vocation centenaire est de contribuer à la diffusion la plus large des textes littéraires ne peut que dénoncer.