Une vague de répression contre la presse au Nicaragua

Le PEN Club français estime urgent de diffuser les dernières informations qui lui parviennent de « Eye On Nicaragua », Observatoire international créé par les PEN International, Américain, Argentin et le PEN San Miguel de Allende, qui réunit les documents et faits de censure qu’exerce le gouvernement du Nicaragua. La liberté d’expression y est une fois de plus menacée.

Plus de 30 journalistes inquiétés par les autorités

Le 2 juin dernier la police a perquisitionné la maison de la journaliste Cristiana Chamorro, candidate à la prochaine élection présidentielle. Le 7 elle a été arrêtée et privée de communications. La police a embarqué portables et ordinateurs ainsi qu’un grand nombre de documents, alléguant un blanchiment d’argent. Pendant l’intervention, la police anti-émeutes a interdit l’accès aux journalistes, plusieurs ont été physiquement agressés.

A la suite de quoi, plus d’une trentaine de journalistes et de propriétaires de médias indépendants ont été convoqués pour témoigner contre Cristiana Chamorro ; parmi eux des journalistes aussi connus qu’Álvaro Navarro, directeur du media en ligne Artículo 66, Patricia Orozco, ancienne rédactrice en chef de l’émission de radio Onda Local, Juan Lorenzo Hollman, secrétaire du comité directeur du quotidien La Prensa, ainsi qu’Eduardo Enríquez, rédacteur en chef du même journal. Tous ces journalistes ont défendu la déontologie de leur profession et ont accusé le gouvernement de vouloir les impliquer à tort dans le seul but de disqualifier Cristiana Chamorro et d’intimider tout média susceptible de critiquer le gouvernement.

Des personnalités culturelles bien connues au Nicaragua n’ont pas échappé à l’escalade répressive. C’est le cas notamment de l’écrivain Sergio Ramírez, lauréat du Prix Cervantès en 2017. On l’a soupçonné, en tant que représentant légal de la Fondation Luisa Mercado, petite fondation à but culturel, d’être en accointance avec la Fondation Violeta Barrios de Chamorro ; il a assuré qu’il n’organisait que des projets en accord avec la législation. Pour le même faux motif, Andrea M. Del Carmen, responsable programmatique du PEN Club Nicaragua, a dû répondre de ses activités pourtant parfaitement légales.

Il est clair que, dans le contexte des prochaine échéances électorales, le président Daniel Ortega accentue sa politique d’intimidation et de répression. Au niveau diplomatique, tous les gouvernements démocratiques, et au niveau culturel, toutes les associations parmi lesquelles les PEN Club, doivent jouer leur rôle tant à l’échelon d’Amérique latine qu’international et national, pour généraliser la prise de conscience et accentuer la pression contre la politique de répression qui se perpétue au Nicaragua.